L'appel de l'or

La porte de la taverne se referme derrière deux nouveaux arrivants. Le premier est un humain chétif et courbé, vêtu d’une tunique blanche et de verres optiques. Il semble avoir la quarantaine et porte à ce qui lui sert de ceinture un étuis contenant quelques plumes et encriers.
À ses côtés, une femme aux cheveux roux et de moyenne taille vêtue d’un manteau de laine et d’acier s’ébroue, avant de s’engouffrer dans la masse, suivie de près par le bonhomme en toge. La demi humaine se faufile entre les ivrognes en tout genre, prenant soin de garder une main plaquée contre la bourse voisine de sa ceinture. Cherchant en vain un visage connu, elle finit par s’arrêter en soufflant :

-Raah, où sont ces maudits marchants ?

Elle agite aussi bruyamment qu’elle le peut la bourse d’où émanent des entrechocs clinquants, espérant attirer du marchand. Même s’il y a de faibles probabilités pour que l’oreille humaine puisse entendre l’or remuer au milieu de ce brouhaha, l’espoir n’est pas vain. Un bon marchand devrait tilter à ce genre de bruit, si inaudible soit-il.

Un serviteur débarque dans le bureau d'Hermès, qui est assoupit, les pieds sur son bureau et bien calé dans son fauteuil

-Maître, Maître, il y a des gens qui cherchent des Marchands, à la taverne!

-Hé bien, qu'est ce que vous voulez que ça me fasse? Donnez leur un rendez vous, je n'ai pas que ça à faire!

-Mais il me semble que c'est Sanaga, et elle agitait une bourse pleine d'or, je me suis donc dit que ...

-Une bourse pleine d'or? Intéressant, cette harpie () serait-elle venue m'offrir quelques présents? Je vais aller voir ...

Hermès enfila son manteau, sortit de son bureau et se rendit à la Taverne du Commerce, et il vit que c'était bien Sanaga qui était là

-Hey, bonsoir! Que nous vaut ta visite?

Hermès lorgna sur la bourse que tenait Sanaga à la main, on aurait presque pu deviner un filet de bave coulant depuis sa bouche!

En voyant l’expression de convoitise suintant de toute la personne du marchand à la vue de la bourse découverte à ses yeux, Sanaga eut un sourire déambulant entre attendrissement et mépris. L’attente, bien que longue, n’avait pas été veine ; elle avait visé juste. Elle rangea toutefois la bourse hors de l a vue du marchand. Chaque chose en son temps.

-Bonsoir, charmant marchand salivant. Ma visite ne vous vaut rien. Du moins elle vous rapportera, si tout se passe bien.

La demi humaine marque une pause. À ses côtés, l’homme en toge s’est courbé silencieusement pour saluer le marchand. Les vagues d’ivrognes le bousculent, manquant de le faire chavirer par moments, et le pauvre hommes se confond chaque fois en excuses, sans que personne n’y porte la moindre attention.

-J’ai eu des échos, à votre sujet. Des bons, contre toute attente. Et j’aimerais voir de mes yeux propres ce que vaut votre commerce continental. Vous ne refuseriez pas une telle proposition, n’est-ce pas ?

Hermès regarda Sanaga, l'air amusé.

-De bons échos, tu es sûre? Pas de mauvaise compréhension? Mais toutes les bonnes habitudes se perdent, on parle des Marchands en bien!
Quelle tristesse!


Il prit une chaise et s'assit.

-Il se trouve que pour l'instant, nous sommes assez occupés, mais dès qu'un Marchand se libère, je te fais signe
Tu prendras bien un verre? Il est à une po.

La demi humaine hésite un moment à prendre place au milieu de tout ce grabuge humain. Finalement, elle s'assied à la table du marchand, intimant à son scribe d'en faire autant.

-1 pièce d'or seulement...Je n'ose pas imaginer sa qualité. Enfin, si tu me l'offres, ça fera ça de pris. En ce qui concerne nos affaires, j'ai tout mon temps, rien ne me presse. C'est pourquoi je préfère mettre à profit ce temps libre pour étudier votre façon de faire. Je veux tout savoir, Hermes, en détail.

Se disant, elle le gratifie de son plus beau sourire diplomatique.