Un faible halo de lumière commençait à pointer timidement à l’horizon, éclairant de ce fait la belle et prospère cité intercontinentale de Daifen.
La lumière rosâtre caractéristique de l’aube, qui se reflétait dans l’eau du port, donnait à la ville une ambiance fantastique et chaleureuse, dévoilant une beauté architecturale point visible la journée. Aucun bruit ne venait troubler le silence de paix de ce paradis sur Daifen, si ce n’est le sourd roulement de la houle contre les embarcations.
Car en effet, un nombre important de grands bateaux était amarré dans cette partie du port, ce qui était peu habituel...
Devant le plus imposant des navires, quelques badauds, à demi endormis, baillaient en restant figés sur place, en l’attente d’un quelconque évènement, devant une petite estrade en bois gardée par deux gardes. Petit à petit, d’autres personnes venaient rejoindre celles déjà présentes, surtout par curiosité.
Dans cette population, endormie et peut active, se remarquaient quelques personnes à la fière allure. Il s’agissait de marchands, un Orc et un Humain, plus précisément, habillés tous d’eux d’une cape de grands voyages. Malgré leur fatigue évidente, ils discutaient activement de sujets apparemment passionnants.
A l’heure ou le port se réveille, ou les échoppes ouvrent leur portes, ils furent rejoints par un seigneur qui, de toute évidence, vus son allure et sa beauté, était Janus. Après s’être salués énergiquement, les Marchands et l’elfe restèrent à discuter, bientôt rejoints par différents personnages.
Un brouhaha, commença à se faire entendre, peu après, dans une allée du nord-est, en direction du magnifique bâtiment de la guilde des Marchands. Bientôt apparut une dizaine de gardes accompagnée du patron Mercure et d’une troupe de musiciens nains armés du flûtes. Le patron était un nain, plutôt trapu, à l’air jovial, avec une hache à la ceinture et dont la réputation n’était plus à faire. Dès qu’il arriva à hauteur de l’estrade, la foule se réveilla et commença à discuter de l’évènement du jour. Ils ne s’attendaient pas à voir Mercure et on pouvait lire une certaine inquiétude dans leur yeux, visible aussi dans ceux des deux Marchands. En effet, voir le nain signifiait un « discours », ce qu’ils craignaient par dessus tout.
(Malheureusement, c’était inévitable en sa présence !).
Le silence respectueux s’instaura de nouveau quand le nain gravit l’estrade, faisant grincer atrocement le bois.
De toute sa hauteur, et commençant par se racler la gorge bruyamment, il entama le discours d’une voie solennelle :
« Liebe Daifeniens et Daifeniennes, citoyens de cette cité pluriraces, mais surtout amis ! »
Il exprimait cela en jetant les bras ridiculement en l’air, histoire de mieux argumenter.
« Je vous remercie chaleureusement d’être venus ici, en ce moment, pour assister à un évènement d’envergure. » La population commençait à regretter de n’être pas partie, mais il était trop tard !
« En effet, après la fête, qui s’est déroulée cette nuit, il était normal de terminer la réception comme cela. Aujourd’hui est un jour propice pour commencer cette entreprise, car comme vous le savez bien... »
Non, ils ne savaient rien et ils abhorraient par dessus tout la façon dont Mercure tournait autour du pot. Enfin, au bout d’un long moment de paroles vaines :
« Eh oui, aujourd’hui, nous célébrons joyeusement le départ d’un nouvel apprenti, qui a été jugé apte à suivre la formation de Marchand, vers un Continent nouvellement découvert ! »
Ahriman l’Orc, qui n’était d’autre que l’Apprenti, gonfla avantageusement son torse.
« Il va sans aucun doute, sous la tutelle du seigneur marchand Humain Epidemaïs, être une recrue de choix. »
Plusieurs regards se tournèrent vers Epidemaïs, l’Humain qui accompagnait l’Orc. Il était apparemment connu.
« Et j’aimerais rappeler que, grâce à la baisse du prix du schnaps et du Bretzel, les Marchands pourront être plus efficaces et vendre soldats et créatures là ou le besoin s’en fait sentir. »
Déjà, les yeux commençaient à se fermer, comme si une force invisible prenait un malin plaisir à vider l’énergie de la foule...
Cela faisait maintenant une demi-heure que toutes les personnes présentes sur le quai souffraient le martyr, avec l’envie de rentrer et de rêver des cours du marché dont parlait si bien Mercure.
Ils furent sauvés par un Elfe de bonne volonté, Amiral de la flotte en partance vers le nouveau continent, qui était probablement plus résistant que la moyenne à l’effet narcotique de Mercure. Il avança l’argument majeur qu’il fallait profiter de la marée pour partir et que c’était le moment le plus propice.
Après une petite réflexion, Mercure ajouta :
« Soit, l’heure approche de partir... »
(Approbation dans la foule et acclamations joyeuses !)
"Je vais donc souhaiter au marchand Epidemaïs et à l’Apprenti Ahriman, car c’est ainsi qu’il devra s’appeler dorénavant, un formidable Continent. Le départ est prévu immédiatement, le temps d’embarquer. Je le répète, je leur souhaite bonne chance, et qu’ils rapportent honneurs et prospérité à la Guilde.
Sur ce, par le schnaps et le bretzel, merci de m’avoir écouté et à bientôt, chers amis..."
(Mais de rien !)
« Ah j’allais oublier... Que la musique commence ! »
Sur ce, Mercure alla serrer la main de l’apprenti et du Marchand puis se dirigea, suivi de la milice Marchande, vers le bâtiment. Juste après, la troupe de musiciens nains restée silencieuse et impassible jusqu’à maintenant, commença à jouer et à chanter un air bien connu : « Pendant que les rois et les reines se tiraient... ».
Quand ils eurent fini, la place était silencieuse, et les gens présents avaient du mal à reprendre leur esprits. Les bateaux étaient chargés, les marins et servants embarquèrent, prêt à se faire une place sur ce nouveau Continent.
Ainsi, sous l’acclamation de la foule, partirent Epidemaïs le Marchand, et Ahriman l’Apprenti, vers de nouvelles conquêtes et une gloire certaine...
Scribe personnel du seigneur Marchand Epidemaïs. Extrait de l’œuvre « les mémoires d’un Marchand » écrit à la lune 306.
Mer 1 Oct - 18:10