Dans sa petite chaumière au milieu de nul part, Khorèn était assit à sa table centrale qui trônait au milieu de la pièce principale. Ses cheveux courts en batailles, sa barbe de trois jours et ses yeux rouges et cernés trahissaient les petites nuits qu’il venait de passer ; planté sur cette chaise, penché sur des montagnes de parchemins. Il y en avait partout, on savait à peine où mettre les pieds pour ne pas marcher dessus. Certains étaient couverts de chiffres, d’autres étaient remplis d’annotations sans queue ni tête et de croquis très étranges. Près de lui, sur la table, il y avait une bouteille de rhum pratiquement vide ; source sûrement de toutes ses inspiration. Il gratouillait sa petite barbichette avec une expression de profond désespoir inscrit sur le visage ; quand soudain : « J’ai trouvé !!! » Ce sursaut d’enthousiasme lui fit valdinguer sa bouteille d’un coup de coude, mais il semblait s’en moquer totalement :
« Les mamans de Daifen travaillent si dur pour me pondre de nouveaux clients ; je devrais au moins leur témoigner ma gratitude... »
Le marchand ne pouvait s’empêcher de tourner en rond tel un squig en cage dans sa petite pièce. Il agitait frénétiquement les bras à chaque idée qui lui venait :
« Je vais créer un service de louage de nounou ! Fini d’entendre des cris toute la journée ! On passe la main de temps en temps et on prend des vacances ! »
Il s’empara d’un morceau de parchemin, d’une plume ayant visiblement beaucoup servie, d’un pot d’encre, et des lignes et des lignes ne cessèrent d’apparaître sur le papier. On pouvait voir apparaître les conditions requises pour être nounou, les prix par heure, et toutes ces choses là qui vont lui permettre de renouveler sa fortune oubliée :
"Il va falloir que j’organise des auditions, et si ça ne se révèle pas fructueux, je prendrais toutes celles qui se seront vues refusées... Conditions : Alors... euh.... au moins 1m50, parce que si elles sont plus petites que les gosses, je risque de les retrouver en morceaux... Donc, je supprime les nounous naines ! Ensuite, il faut qu’elles aient du caractère, qu’elles soient robustes ! Des barbares feront l’affaire…"
Il allait immortaliser cette condition sur le papier, mais sa plume resta en suspension dans le vide. Les femmes barbares ne sont pas appelées ainsi pour rien. Si elles sont barbares c’est qu’elles frappent fort et beaucoup, et pour les grèves d’augmentation de salaire, elles risquent d’avoir ce qu’elles veulent. La plume dans la bouche, Khorèn cogitait… L’encre noire finit par lui teindre la lèvre, et un drôle de goût lui envahit la bouche. Il finit par grimacer, et alla cracher une nouvelle salive noir dans le feu qui brûlait paresseusement derrière lui. En voyant le liquide visqueux noir, il releva la tête :
Et les elfes noires ? Mmh… Il parait qu’ils ont des tendances aussi sombres que leur peau, mieux vaut ne pas risquer d’en embaucher. Et les autres elfes ? Grandes, patientes… Un tantinet prétentieuses pour certaines, mais bon. Les humaines aussi feront très bien l’affaire. Alors, je note : Elfes ou humaines de préférence…
Le marchand plia soigneusement son parchemin maintenant remplis de pattes de mouches et le glissa délicatement dans sa tunique. Il ne manquait plus qu’à exposer son projet auprès de ses supérieurs hiérarchiques. En espérant qu’ils aiment sa nouvelle idée.
Mer 1 Oct - 18:19